samedi 20 octobre 2007

urbanisme de cours


Dans le chapitre "Espaces" de leur livre L'architecture des villes, Ricardo Bofill et Nicolas Véron reviennent sur l'analyse de Camillo Sitte sur les formes de la ville. Nous en traiterons dans deux articles. Celui d'aujourd'hui se concentre sur la définition de l'urbanisme de cours.


L' "urbanisme des cours" obéira à des exigences bien différentes de celles de l' "urbanisme des blocs": spontanément, il conduit à privilégier la cohérence des espaces plutôt que celle des masses, à considérer une vision depuis le sol plutôt qu'une vue aérienne, à veiller à la correspondance des façades en regard plutôt qu'à celle des faces opposées d'un même bloc, que la vue ne peut embrasser toutes à la fois. Il tend aussi à susciter des lieux fermés ou semi-fermés au volume intérieur bien défini, places ou cours, rues au profil bien délimité. Cet "urbanisme de cours" gouverne souvent la forme des villes d'avant l'époque moderne, au développement largement spontané et où le personnage de l'architecte-concepteur, responsable de la totalité de l'orientation d'un bâtiment, n'existait pas encore.

Le livre de Ricardo Bofill et Nicolas Véron a déjà été cité dans mon sujet sur l'appropriation de l'espace. La semaine prochaine, nous reviendrons sur leur commentaire de Camillo Sitte.

lundi 15 octobre 2007

Maturité de la forme en architecture

Dans son libre Architecture, choix ou fatalité, déjà chroniqué ici, Léon Krier commente l'évolution incessante de certaines formes de bâtiments, semble-t-il toujours à la recherche d'un idéal définitif. En ce sens, on n'est plus loin du fonctionnalisme, qui recherche pour chaque usage la forme qui lui correspond le mieux. Une fois trouvée, cette forme pourra demeurer inchangée, car complètement adaptée.
Léon Krier un fonctionnaliste ? Certes pas, mais il reste une réflexion intréressante sur l'évolution des formes, et leur questionnement.


Voici donc l'extrait:
A l'âge des grandes vitesses, la cristallisation de nouveaux types de bâtiments semble exagérément lente et pénible, malgré la poussée massive de nouveaux types d'usages. Ainsi, le fait que les aérogares soient partout dans un processus de restructuration permanente souligne que l'abri et la fonction n'ont pas encore mûri pour trouver leur type adéquat. Après quarante ans d'expérimentations infructueuses, les centres commerciaux redécouvrent le type du passage couvert, de la galerie marchande du XIXème siècle, celle-ci ayant évolué à partir du bazar oriental, lui-même inspiré de la basilique romaine...
D'un autre côté, les grandes gares du XIXème siècle sont restées pratiquement inchangées dans leur type malgré l'évolution des véhicules et de leurs performances. Dans ce cas, le schéma fonctionnel, les structures constructives et l'expression architecturale ont manifestement trouvé d'emblée une maturité typologique qui a pu survivre intacte à un siècle d'adaptations fonctionnelles. L'innovation typologique a ainsi trouvé sa synthèse dans une forme classique, immédiate et durable.


Comme toujours, les commentaires sont les bienvenus.

samedi 6 octobre 2007

L'urbanisme parisien

Dans son livre Paris, Urbanisme d'état et destin d'une ville, Jean-Paul Lacaze nous livre une analyse intéressante sur les éléments constituants de l'actuelle unité visuelle d'un certain nombre de quartiers de Paris:
Au niveau de la ville, l'organisation en îlots sous un vélum uniforme d'où n'émergent que des monuments, permet une excellente maîtrise de la forme urbaine. Au niveau de la parcelle, des règles simples: gabarit fonction de la largeur de la rue, balcons filants, aux deuxième et cinquième niveau, suffisant à assurer l'harmonie de la géométrie de l'îlot tout en laissant une liberté de manoeuvre suffisante à une construction parcelle par parcelle, grâce aux "contrats de cours commune" généralisés pour permettre l'aération et l'éclairage des cours d'îlot.
Appliqués avec continuité pendant plus d'un siècle, ces règles simples ont suffi à modeler l'image du Paris contemporain en une forme qui est à la fois savante et populaire pour qu'elle se révèle riche de sens, quelle que soit la nature du regard qui la perçoit.
Dans cette pratique incertaine et mouvante qu'est l'urbanisme, il existe peut-être quand même une régularité qui se rapproche d'une loi scientifique: un ensemble cohérent de règles d'urbanisme permet d'assimiler la diversité des initiatives privées et les différences de qualité des immeubles. Ou encore, formulé de façon plus brutale, un bon urbanisme peut sauver des architectures quelconques, alors qu'un grand numéro d'architecture ne peut suffire à sauver un urbanisme médiocre.

Ce livre très riche a déjà été cité ici à l'occasion d'un article sur le métro. Une lecture conseillée aux curieux de l'histoire de l'urbanisme parisien. Nous y reviendrons dans quelques semaines pour commenter un passage lié aux autoroutes. A suivre, donc...